C’est la série du moment ! D’aucun dise de l’année. Peut-être bien !
Dans Plur1bus, la nouvelle série de Vince Gilligan, le papa de Breaking Bad et Better Call Saul, un virus alien envahi les organismes humains pour les transformer en collectif pacifiste. Seuls 12 humains n’ont pas été contaminés. Parmi eux, il y a Carol, une romancière à succès qui écrit toujours la même dédicace à ses lectrices.
Carol

Carol Sturka est une femme en colère. Par le biais de flashback, on se rend compte qu’elle n’a jamais été d’un caractère franchement positif malgré ses succès en librairie, malgré sa femme à ses côtés, malgré sa réussite financière. Parce qu’elle est blasée de tout. Mais cette fois, face à des gens qui ne veulent que son bien (en apparence), Carol fait exploser cette colère.
D’abord parce que cette invasion lui prend sa pierre de touche. Helen, sa femme et agent fait partie des victimes de la contamination. Elle meurt sous les yeux de Carol qui a pourtant tout tenté. Helen était le rempart de Carol contre le monde, elle faisait barrage, elle arrangeait les choses. Elle l’empêchait de trop boire, elle la soutenait dans son travail, elle trouvait du positif dans le fait de dormir dans un hôtel de glace (littéralement).
Carol est donc seule face à son deuil. Elle pleure peu mais fait tout pour protéger le cadavre d’Helen, enterrée dans leur jardin.
L’auteure est tout aussi furieuse de ne pas pouvoir confronter les envahisseurs qui sont d’une bienveillance à toute épreuve envers elle. Et quand elle pense trouver du soutien auprès des autres survivants, sa colère les effraie surtout qu’elle a pour effet de faire disjoncter le collectif. Alors elle se retranche dans sa maison, fait mine de pouvoir vivre sans les Autres en cherchant une solution à un retour à la normale.
Zosia

Zosia est une grande et belle femme, envoyée par le collectif dont elle est issue pour l’aider à une transition en douceur dans ce nouveau monde. Comme par hasard (non), elle affiche une ressemblance étonnante avec le héros de papier de Carol. Carol passe forcément ses nerfs sur elle. Et la fait disjoncter. Pourtant malgré ce qu’elle apprend sur le collectif et notamment leur façon de se nourrir, elle cherche un nouveau dialogue avec Zosia à laquelle elle s’attache plus que de raison.
Un peu fatiguée de se battre tout en continuant à résister en silence, Carol se laisse aller à une sorte de comédie du bonheur. La beauté de la série est que le spectateur ne sait jamais vraiment si Zosia parvient à s’extirper du collectif par « amour » pour Carol ou s’il s’agit d’une manoeuvre de la part du collectif pour rallier Carol à la fusion. Comme l’héroïne, on a envie de croire à la première hypothèse mais évidemment un jeu malsain.
En l’espace de deux semaines, Carol et Zosia se construisent une vie « comme avant » quand débarque finalement le seul survivant qui est dans la même optique que Carol au début : tuer le collectif.
Manousos

Quand Manousos rejoint Carol, les deux personnages sont en décalage. L’homme est en colère comme l’était Carol au début quand il a reçu une cassette où elle expliquait savoir comment remettre les choses dans l’ordre. Sauf qu’entre temps, Carol a vécu d’autres choses. Elle a vu le bon dans le collectif même si elle soutient que leur mode de vie et de penser ne tient pas sur le long terme.
Non seulement la rencontre avec ce macho de base ne se passe pas très bien mais Carol est jalouse de l’intérêt de Zosia pour Manousos. Car le collectif aime tous les survivants de la même manière. Alors que Carol veut être la seule à être aimée de Zosia, comme elle l’était d’Helen. Or elle est mise au même rang que les autres. Ça lui est insupportable.
Après un dernier tour du monde à deux et la découverte des efforts du collectif pour la transformer, Carol déclare la guerre à la fin de la saison 2. Même Manousos ne l’a pas vu venir.
Une actrice incroyable

Nous ne connaissions pas Rhea Seehorn faute d’avoir vu les productions de Vince Gilligan. Le créateur a écrit le rôle de Carol pour elle, afin de lui donner ce premier rôle qu’elle n’a jamais eu et qu’elle méritait.
Merci à lui pour cette incroyable comédienne qui donne à Carol Sturka sa verve, son malheur colérique, son impossible deuil. Grâce à son talent insolent, l’actrice possède la saison, capable de changer les émotions de son visage en une seconde. Elle va forcément recevoir tous les prix qu’elle mérite.
Et il ne faut pas oublier non plus la prestation de Karolina Wydra dans le rôle de Zosia. Elle doit jouer assez finement le collectif mais aussi l’individualité du personnage. Ce qui n’est pas chose aisée. Elle réussi tellement bien qu’elle réussi à nous perdre.
Un duo fascinant pour une série qui ne l’est pas moins.
